L'accession à l'indépendance (2 et fin) |
|||
En
1947, la situation du travail n’étant pas brillante à Sfax, un fort
chômage y sévissait. Le premier objectif choisi par l’U.G.T.T. fut
la Compagnie du Sfax-Gafsa, et l’objet de la première manifestation
planifiée pour le 5 août 1947, était d’empêcher le départ de l’autorail
pour Tunis. Au rassemblement matinal des syndicalistes aux abords de la
voie ferrée, se joignirent de très nombreux sans travail. Un
syndicaliste français (Henri
Chalon) fit remarquer à Habib Achour le
danger d’une telle concentration à moins de 100 mètres de la caserne
du 4e spahis. Cela ne fit que renforcer le dirigeant
syndicaliste tunisien dans sa certitude. Les pierres du ballast ne
purent rien contre les balles des automitrailleuses de l’armée.
Celles-ci, après avoir été éloignées en début de rassemblement,
étaient revenues lorsque la manifestation dégénéra sous la pression
des sans travail. Il y eut 30 morts et de nombreux blessés. |
|||
|
|||
|
En janvier 1952,
présidant le congrès du Néo Destour tenu dans la clandestinité, Hedi
Chaker décide le soulèvement armé. Considéré comme le cerveau de ce
parti en l’absence d’Habib Bourguiba, mis en résidence surveillée
dans l’île de la Galite, il est incarcéré en mars 1953.
Entre temps Farhat Hached avait été assassiné le 5 décembre 1952.
Après son élargissement, Hedi Chaker subit le même sort, et il fut
inhumé à Sfax le 11 septembre 1953. Dans la documentation en notre
possession, ces deux assassinats sont attribués à " la Main
Rouge ", groupe formé de colons extrémistes. |
||
"Les
Nouvelles sfaxiennes" |
|||
|
|||
Les pertes tunisiennes furent encore plus élevées, du fait des combats contre l’armée française et des attentats de représailles de " la Main Rouge ". A Sfax on assista à quelques mouvements de grève des élèves dans les collèges. Ils refusaient d’entrer en cours, mais sans animosité aucune vis-à-vis de l’autorité des établissements qu’ils respectaient d’autant plus qu’elle était justifiée et équitable. C’est à contrecœur que les directeurs se résignaient à appeler l’armée pour faire cesser de tels mouvements de protestation. |
|||
|
|||
|
|
||
|
|||
Faisant suite aux conventions franco-tunisiennes concernant l’autonomie interne signées le 22 avril 1955 à Paris, puis solennellement le 29 mai par Edgar Faure et Tahar ben Amar, et ratifiées en Tunisie le 27 août et à Paris le 31 du même mois, l’accord diplomatique permettant à la Tunisie de recouvrer sa totale indépendance fut paraphé à Tunis le 20 mars 1956 par MM. Seydoux et Bourguiba. |
|||
|
|||
|
|||
"Les Nouvelles sfaxiennes" n°1022 du 3 septembre 1955 (Archives Ch. Attard) |
|||
|
|||
Après la proclamation de l’indépendance le 20 mars 1956, les Européens de Sfax ne furent victimes d’aucune animosité, et pourtant la ville avait eu deux martyrs en la personne de Farhat Hached et d’Hedi Chaker. |
|||
|
|||
(Photo Gilbert Bacquet) |
|||
|
|||
La
fête de la Victoire fut célébrée à Sfax le 1er
juin 1956. Différents groupes de jeunes (filles et garçons), de
militaires, précédés par une fanfare, défilèrent dans les rues du
centre ville et au pied des remparts. |
|||
|
|||
|
|||
(La Dépêche tunisienne du 24 octobre 1956) (Archives Ch. Attard) |
|||
|
|||
Mais, c’est suite aux évènements de Bizerte en juillet 1961, qu’eut lieu le grand exode et où de nombreux Européens (et ce n’étaient pas ceux qui, suivant l’expression usitée, avaient fait "suer le burnous") furent contraints de partir dans la précipitation avec un strict minimum d’objets et de bien personnels. Leur accueil en Métropole fut très loin de ce qu’ils étaient en droit d’attendre, surtout quand ils n’y avaient ni famille ni amis. |
|||
|
|||
|
|||