Chargement d'alfa sur la ligne de Sfax à Gafsa
(Photo Touring-Club de France - Coll. G. Bacquet)

L'alfa, dont le nom arabe est halfa, est une graminée, à la tige droite, qui peut atteindre 1 m de hauteur, aux feuilles effilées et disposées en touffes. L'alfa, pousse spontanément sur des terrains secs et arides en Afrique du Nord et en Espagne

Les feuilles d'alfa donnent un papier de qualité qui sert à l'impression de tirages limités ; on lit couramment sur la page de garde d'un livre : Édition originale, 200 exemplaires imprimés sur papier alfa et numérotés de 1 à 200.

Le marché à l'alfa sur cette très vieille carte des Éditions Neurdein.
(CPA ND n°7 - Coll. Ch. Attard)

La récolte de l'alfa se fait généralement en août. Pour ne pas arracher la tige et recueillir exclusivement les feuilles d'alfa, on enroule ces dernières sur un bâtonnet et on tire brusquement celui-ci. Les feuilles, arrachées, sont nettoyées, groupées en bottes et acheminées jusqu'aux papeteries. Selon la qualité de ses feuilles, l'alfa sert à fabriquer du papier, des cordes, des tapis ou encore des semelles d'espadrilles.
(source encyclopédie "Je sais tout")

Cette photo, prise au début des années 50 par Marcel Attard 
survolant Madagascar à bord de son Stampe, montre la ville 
et les stocks d’alfa sur les quais.

Fabrication de la pâte à papier d’alfa
Référence : La Grande Encyclopédie (1888)

Telle qu’elle était décrite, la fabrication, en 1886 de la pâte à papier à partir de l’alfa était très complexe. Il fallait d’abord trier les herbes, les hacher pour obtenir des brins de 3 à 4 cm de long, et ensuite les débarrasser du sable. L’étape suivante consistait à désagréger le tout dans un lessiveur rotatif où l’action de la soude caustique (15 kg pour 100 kg d’alfa) était favorisée par un chauffage de 5 à 7 heures à une pression de 3 atmosphères, et par une rotation lente et continue (18 à 20 tours par heure). Après vidange du liquide noir qui surnageait, il était nécessaire de broyer la pâte obtenue, de la blanchir dans une cuve puis de terminer par un lavage soigneux. Le prix de revient cité pour 100 kg de pâte à papier était, en France, de 65,5 francs. Ceci expliquait pourquoi les papetiers français préféraient acheter ce produit en Angleterre où le coût en était moins élevé.

En janvier 1886 M. Vessier présenta un nouveau procédé pour traiter l’alfa à froid, ce qui ne nécessitait plus de trier les alfas, supprimait les dangers des lessiveurs à chaud sous pression, impliquait un matériel bien moins important, donc d’un moindre coût, utilisant moins de main d’œuvre. Par ailleurs la qualité de la pâte obtenue et le rendement étaient supérieurs. Les 100 kg de pâte à papier revenaient alors à 38 francs. Ce prix fut encore diminué lorsque fut proposé, le 1er mars 1886, un nouveau procédé permettant de blanchir la pâte en seulement une demie heure.