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La maison du maltais


Une scène de "La maison du maltais" tournée à Sfax
Ci-dessus : Sylvio de Pedrelli et des marchands et au-dessous Tina Meller.
(Source Ciné-Miroir n°160 du 27 avril 1928 - Col. Ch. ATTARD)




Deux films furent adaptés du roman "La maison du maltais" de l'écrivain français Jean Vignaud (1875-1962). Seul le premier réalisé par henri Fescourt en 1928 fut tourné à Sfax en décors naturels. Malheureusement, ce film d'Henry Fescourt est considéré comme définitivement perdu.
Voici ce qu'écrivit Henri Fescourt dans la revue Ciné-Miroir à propos de son film.






Pourquoi et comment j'ai réalisé " LA MAISON DU MALTAIS "







Tina MellerPour quelles raisons j'ai choisi la Maison du Maltais, que vient d'éditer la Société des Cinéromans-Films de France ? Mais parce que le roman de Jean Vignaud m'a paru présenter une très bonne matière cinématographique. On n'ignore pas les connaissances profondes qu'a de notre art Jean Vignaud, et il est aisé de se rendre compte, à la lecture, de tout ce que le romancier doit au cinématographiste.

Pour qu'un roman se prête à l'adaptation à l'écran, il lui faut non seulement une action extérieure très marquée, un développement psychologique, mais aussi un cadre particulier. La Maison du Maltais présentait toutes ces qualités.
L'action y est très serrée, dramatique, pleine de pittoresque et de rebondissements. Le lecteur, comme le spectateur, sont sans cesse enchaînés à son développement et ils ne se libèrent de son emprise qu'avec la fin.
Le découpage a été fait par l'auteur et par moi-même, et nous nous sommes constamment trouvés en parfait accord.
Le cinéma avant tout, c'est là son sens propre, "visualise", tout doit donc être fait dans le but de cette visualisation, et rien de ce qui l'améliore ne peut être négligé. Le roman, d'ailleurs, possède cette qualité d'une façon remarquable.

C'est l'histoire d'un Maltais du port de Sfax, qui, soudainement, sous la révélation brutale de l'amour, est complètement transformé. Pour donner à la femme qu'il aime tout ce qu'elle peut désirer, l'indolent devient un travailleur acharné.
Le jour où la femme disparaît, sans qu'il sache ce qu'elle devient, cette transformation il la fera servir à l'assouvissement de sa vengeance. Pour retrouver la femme qu'il aime, Matteo deviendra un des plus grands marchands de perles de Paris.

C'est pour réaliser la première partie et la fin de ce scénario que j'ai dû me rendre à Sfax. L'accueil que nous avons reçu là-bas dépasse tout ce que vous pouvez imaginer, et même, dans ce pays lointain, le cinéma possède des amis ardents et chaleureux, qui ne demandent qu'à le servir et à le répandre.

Les autorités françaises et tunisiennes nous ont accordé leur plus large concours et, grâce à elles, bien des difficultés ont été levées de notre route et sur place nous avons rencontré des collaborations très précieuses.

Au point de vue cinématographique, le pays offre d'ailleurs, des ressources inépuisables. Nous ne les soupçonnons pas et combien différentes suivant les régions !

En chemin de fer ou en auto, nous avons parcouru la plus grande partie de la Tunisie. Je ne me souviens pas être passé indifférent en un point quelconque.
Partout l'œil et l'esprit sont sollicités par des paysages typiques, pittoresques, que l'on voudrait enregistrer. Lorsque je me suis trouvé à Sfax et dans sa région, je n'ai été gêné que par l'embarras du choix. Mais je me suis efforcé de maintenir ce choix dans le cadre décrit par l'auteur et qu'il connaît si bien.
La maison du Maltais? Mais je n'ai pas eu de peine à la découvrir, et son aspect curieux et inquiétant à la fois m'a séduit en arrivant. Les quartiers de Sfax dont parle le romancier, mais je les ai retrouvés sans guide, et je me suis efforcé de traduire par l'image animée leur caractère si personnel, toute leur atmosphère et leur vie.
Quant au port, ce fut pour nous tous une révélation. Certes, nous avons tous dans le champ de notre souvenir des impressions diverses de ports ; ports bretons, si différents des ports méditerranéens ou de ceux de la côte africaine, mais jamais je n'ai subi l'impression qui m'assaillit, lorsqu'un matin, sous un soleil éclatant et écrasant, je me trouvais devant cette chose nouvelle pour moi qu'est le port de Sfax.

Quelle magie de lumière et de pittoresque l

C'était bien là que devait vivre mon Matteo, il était bien le fils de ce milieu disparate, carrefour du monde oriental et occidental où se rencontrent, en un mélange indescriptible, les races les plus diverses. Il ne restait plus qu'à travailler activement, ce que nous fîmes, grâce à l'appui des autorités et aussi grâce à une nombreuse figuration indigène que je recrutais chaque matin.         




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