La Compagnie des phosphates 
et du chemin de fer de Gafsa








vers port


Mines de Metlaoui,
L'épandage des phosphates sur les aires de séchage.
(CPA ND Photo n°16 - Coll. Ch. Attard)



Philippe Thomas (1843-1910) découvrit les premiers gisements de phosphates de chaux à 6 kilomètres de Metlaoui en avril 1885. Poursuivant sa prospection, il en découvrit d’autres au cours des deux années suivantes. Ces gisements étaient loin de la côte et, à l’époque, les phosphates n’avaient qu’un débouché restreint.





Metlaoui. Les mines de phosphates de Gafsa.
(Le visage de la France - L'Afrique du Nord - La Tunisie - Ed. Horizons de France)



En 1893, le Gouvernement tunisien se préoccupa de tirer parti de ce gisement, et proposa une première mise en adjudication, qui ne recueillit aucune offre, pas plus que la deuxième en janvier 1894, la plupart des capitalistes, à qui était demandée une participation, ayant refusé de souscrire pour une industrie leur paraissant trop pleine de risques. La direction des Travaux publics de la Régence demanda alors à M. Alphonse Parran (1826-1903) d’étudier personnellement cette affaire. Ce dernier se transporta dans le désert de Metlaoui, explora toute la chaîne phosphatière et eut le mérite de découvrir de grandes formations tabulaires qui avaient, avant lui, échappé à toute observation. Il commença par garder pour lui cette découverte et, après plusieurs jours d’étude sur place, il eut une longue discussion avec la direction des Travaux publics pour améliorer les conditions de la concession. Il accepta alors de monter l’affaire.







En 1896, après bien des déboires et de nombreux efforts, il réussit enfin à fonder la " Compagnie des phosphates et du chemin de fer de Gafsa ", au capital de 18 millions de francs, dont 4 souscrits par la Société de Mokta-el-Hadid (mines près de Bône en Algérie) dont il avait monté l’exploitation. L’ensemble des gisements fut concédé par décret du Gouvernement beylical à M. Maurice de Robert représentant la dite Compagnie dont le siège social était sis 60, rue de la Victoire, à Paris - 9 e.




Titre CFG


(Document Coll. Ch. Attard)



Le décret accordant la concession reconnaissait le droit d’exploitation des gisements de phosphates de toute la région du sud-est tunisien : Metlaoui, Moularès, Redeyef, mais imposait, outre la réalisation d’une ligne de chemin de fer reliant ces gisements au port de Sfax, l’établissement d’un trafic de voyageurs vers Tozeur d’une part, et vers Gabès d’autre part. Par ailleurs, un vaste domaine (dit "du Chahal") de 30 000 ha, situé entre Sfax et Graïba, était rattaché à la Compagnie. Il fut couvert d’immenses étendues d’oliveraies (près de 200 000 pieds à la fin des années 1920), et possédait une huilerie moderne.





L'épandage des phosphates à Metlaoui (Mines de Gafsa).
Tiré de "l'Afrique du Nord française dans l'histoire" Ed. Archat- illustration :M. Roger - J. Irriéra




Les travaux, aussitôt entrepris et organisés par A. Parran en sa qualité d’administrateur délégué, permirent la réalisation en seulement 2 ans et sans aucun concours financier du Gouvernement, d’une voie ferrée (écartement métrique) longue de 243 km. L’arrivée à Gafsa de la première locomotive en provenance de Sfax, le dimanche 18 septembre 1898, à 16 heures, y donna lieu à diverses manifestations festives (fantasia, banquet, feu d’artifice et grand bal public). Pendant ce temps, les travaux préparatoires à l’exploitation minière avançaient, et celle-ci commença sur les bords de l’oued Metlaoui. 







Les premiers trains de phosphate se dirigeant vers le port de Sfax, agrandi en 1897, prirent leur départ en mai 1899, année où l’extraction atteignit 70 000 tonnes. Au départ de Metlaoui la ligne fut prolongée par la Compagnie, pour le compte de l’État tunisien, jusqu’aux oasis d’El Oudiane et de Tozeur (54 km). (voir ici carte du réseau ferroviaire tunisien en 1910)

Les 81 km de ligne, entre l’embranchement de Graïba et Gabès, furent construits par le Gouvernement tunisien pendant la première année du conflit mondial de 1914-1918, permettant de relier cette dernière ville à Sfax. Ces deux dernières lignes furent exploitées par la Compagnie avec participation de la Tunisie aux recettes. La condition d’assurer un transport de voyageurs vers ces villes, telle qu’elle était demandée, était donc réalisée. Certains wagons de voyageurs des trains de nuit étaient équipés de couchettes.




Toutes ces lignes étaient à voie unique, et il arriva que deux trains y circulant en sens inverses, se soient trouvés face à face ! (voir ici photo de l'accident de 1925)



Le 17e d'infanterie


Le 17e Régiment d'infanterie refusant de charger les vignerons du Languedoc 
en révolte est mis "aux sables".
Débarqué à Sfax, il prend place dans le train pour Gafsa en juin 1907,
 sous le regard attentif des spahis.

(CPA LL. n°114 - Fonds G. Bacquet/Ch. Attard)




Si l’on ajoutait les 62 km d’embranchements miniers et ceux, particuliers, rattachant au réseau les gisements de M’Dilla (13 km) et de Meheri-Zebbeus (10 km), le total des lignes atteignait 463 km. La Compagnie assura par véhicules automobiles le transport des voyageurs entre Sfax et des villes non desservies par voies ferrées (par exemple Triaga).





Un train de phosphate, tracté par une 150, 
sur le pont de l’Oued Baïech (Gafsa).




L’exploitation du dernier de ces deux gisements faisait suite aux autorisations N° 620, 621 et 622 du 31 juillet 1899 de la direction générale des Travaux Publics. L’arrêté du 9 août de la même année autorisait la Compagnie des phosphates et du chemin de fer de Sfax à Gafsa, à exécuter des reconnaissances de phosphate de chaux : 
   1) au Djebel Zebbeus (au Sud de la voie ferrée vers le km 110), 
   2) aux Djebels Meheri et Zebbeus 
      (au nord de la voie ferrée vers le même kilomètre). 
La demande en avait été déposée le 14 janvier 1899 par M. De Robert, agissant au nom de la Compagnie.