Organisation du Protectorat français en Tunisie
(Après la réforme de 1922)






Mohamed An Nacir et derrière lui,
 son premier ministre Si Youcef Djaït
(Photo l'Illustration n°3620 du 13/07/1912 - Col. Ch. Attard)




Le Bey est "possesseur du Royaume de Tunis". Il a ses ministres tunisiens : premier ministre, ministre de la Plume, ministre de la Justice (ce dernier crée en 1921). Il est le législateur tunisien, chef de l'administration.
Dans le pays ses pouvoirs sont délégués aux caïds, agents d'autorité et de gestion, eux-mêmes secondés par des kahias, khalifas et cheiks.







Mme Lyautey, M. Steeg (résident général du Maroc), M. Saint (résident général de Tunisie), le Maréchal Lyautey (résident général d'Algérie), Mme Saint réunis le 8 avril 1924 à Rabat pour la seconde conférence Nord-africaine. (Source "L'Illustration" n°4233 du 19 avril 1924)




Mais l' autorité du Bey est affaiblie par l’adjonction d’un résident général. Ce haut fonctionnaire dépend du ministre des affaires étrangères, et est aussi le dépositaire des pouvoirs de la République dans la Régence. 
Tous les services publics du Protectorat et les commandants des troupes de terre et de mer sont sous ses ordres directs. Il contrôle même les services purement indigènes, sauf ceux d’essence religieuse.
Il préside le conseil des ministres.

En février 1952, le nouveau résident général, Jean de Hautecloque remet ses lettres de créance à S.A. Sidi Lamine Pacha Bey et à son premier ministre Chenik.




CONSEIL DES MINISTRES
présidé par le résident général




Premier ministre
Ministre de la Justice tunisienne (1921)
Ministre de la Plume, ministre de la Justice




Les Cadres techniques



Direction générale de l'Intérieur
Direction générale des Finances
Direction générale de l’Instruction Publique 
et des Beaux Arts
Direction générale de l’Agriculture, du Commerce 
et de la Colonisation (affaires économiques)
Direction générale des Travaux Publics
La Justice tunisienne
Office des Postes et Télégraphe et Téléphones
L'Armée tunisienne




Général commandant supérieur des troupes de Tunisie,
Ministre de la Guerre,
Vice-amiral, 
Préfet maritime de Bizerte,
Ministre de la Marine.






Délégué de la Résidence Générale




Il a rang de ministre et seconde le résident général. Il est lui-même secondé par des contrôleurs civils nommés par décrets du Président de la République.



19 Contrôleurs Civils




Le corps des contrôleurs civils français relevant directement du Résident Général, et nommés par décret du Président de la République sur proposition du Ministère des Affaires Étrangères, fut créé par décret présidentiel en date du 4 octobre 1884. Début 1887 on relevait déjà l’existence de 13 contrôles civils, dont celui de Sfax où la prise de fonction du contrôleur civil remontait au 6 avril 1885. 
Ils contrôlent l’administration indigène mais sans y prendre part. Ils rédigent des rapports sur leurs circonscriptions respectives qu’ils doivent parcourir fréquemment. Ils proposent des mesures pour en améliorer la situation administrative, politique ou économique. Ils doivent être plus diplomates qu’administratifs car ils doivent concilier les intérêts des indigènes et ceux des colons.




Caïds (36) Cheikhs (~600) 




Ils ont des fonctions administratives précises. A Sfax, le caïd proposait la nomination " d’amines ", chacun de ces derniers étant le président du syndicat de sa corporation. 

On peut citer :
L’amine du marché aux bestiaux de Bab Djebli (1918-1922),
L’amine des teinturiers (1920),
L’amine des pêcheurs, charge créée en 1925,
L’amine des bijoutiers (crieur de bijouterie),
L’amine des charrons, des cafetiers (1920),
L’amine des coiffeurs et des circonciseurs (note de mai 1913),
L’amine des bouchers du marché central,
L’amine des savetiers (belghalia),
L’amine du marché de Souk Jemaa (spécialisé dans la vente des vieux effets), créé le 18 décembre 1944,
L’amine des maçons (1945).






Dans une grande ville telle que Sfax, le Caïd Gouverneur était le Président de la Municipalité, mais le Vice-président, qui avait en fait tous les pouvoirs, était français.




Par arrêté de 1889, il y avait à Sfax :
9 conseillers municipaux français et 7 conseillers municipaux tunisiens.
Ultérieurement, ces chiffres furent respectivement portés à 13 et 11. La parité entre les conseillers municipaux et tunisiens (14 de chaque) fut établie après la fin de la 2e Guerre mondiale. Le Président tunisien avait voix prépondérante en cas d’égalité lors des votes.




Le service des affaires indigènes




Par décision ministérielle du 22 avril 1882 fut créé un service de renseignements sur le territoire de la Régence, comportant 2 divisions, 6 subdivisions et 21 cercles ou annexes. Le cercle de Sfax, où, en date du 16 avril 1882, en tant qu’adjoint de 1e classe, officiait le capitaine d’infanterie Marie Charles Walsin-Esterhazy (celui-là même qui, quelques années plus tard, jouera un rôle important dans ce qui est connu sous le nom de " l’Affaire Dreyfus "), faisait partie de la 1e subdivision de la division Sud dont le chef lieu était Sousse.

Faisant suite au décret présidentiel du 4 octobre 1884 qui avait créé le corps des contrôleurs civils, un accord fut trouvé, en mars 1885, pour répondre aux diverses questions soulevées par l’organisation du nouveau service des Renseignements. On y note : " Dans les circonscriptions de Tunis, La Goulette, Nabeul, Sousse, Sfax et Le Kef, le service des Renseignements, tel qu’il est actuellement constitué, est supprimé et devient un service d’ordre purement militaire confié à des officiers attachés au Commandements supérieurs, faisant partie de leur Etat Major, et ayant pour mission spéciale de recueillir des renseignements utiles au point de vue militaire (origine des tribus, populations, contingents pouvant être levés pour ou contre nous, recensements des bêtes de somme, bestiaux et approvisionnements divers, emplacement des silos, renseignements géographiques et topographiques, etc….) "

La Dépêche Ministérielle du 31 janvier 1888 entraîna une réorganisation de ce service des Renseignements. Le Commandement militaire de Sousse était maintenu : le lieutenant Arbez, officier de Renseignement de 1e classe, le dirigeait.

Le 30 avril 1895 la Direction d’occupation de la Tunisie fut ensuite divisée en trois Commandements siégeant à Tunis, Sfax et Gabès. C’est le lieutenant Alphonse de la Poix de Freminville qui fut nommé au bureau de renseignements créé à Sfax auprès du Commandement militaire.

Suite à l’évolution favorable de la situation sur le terrain, le décret ministériel du 12 janvier 1900, fit que le service des Renseignements prit le nom de Service des Affaires Indigènes en Tunisie.

M. Rouvier, Ministre des Affaires Étrangères donna connaissance, le 21 juin 1904, au Résident Général M. Pichon, de l’accord intervenu entre le département de la Guerre et celui des Affaires Étrangères, aux termes duquel : le rattachement des Affaires Indigènes de la Résidence s’effectuerait dès que le Gouvernement tunisien assumerait la charge du service, c'est-à-dire à la date du 1e janvier 1906. Les dernières modalités furent réglées au cours de l’année 1905, et les officiers du service furent placés sous la dépendance du Résident Général.