Hommage au docteur Ceccaldi
paru dans "les Nouvelles sfaxiennes"
N°3 du 1er décembre 1945

BULLETIN

Il avait quelque chose de particulier, d’inimitable, une voix claironnante, cuivrée, légèrement éraillée, qui signalait de loin sa présence, et dont le timbre, en son habituelle interrogation " comment qu’çà va ? " suffisait à rassurer les inquiets et calmer les souffrants.

Combien êtes-vous, Sfaxiens, Musulmans, Israélites, Français, Maltais, Grecs, Italiens, qui avez reçu votre première fessée du spécialiste accoucheur : le docteur Ceccaldi ?
Combien êtes-vous qui avez dû à ses soins attentifs, attentionnés, dans votre jeunesse, votre santé d’aujourd’hui ?

On le voyait à toutes les heures, dans une vieille guimbarde traînée par une haridelle, conduite par un très vieux cocher qu’il n’a jamais voulu abandonner. A une proposition d’automobile, il répondit un jour montrant son " carroussa " : "je ne peux pas leur faire cela".

Il était quelquefois un peu débraillé, un peu poussiéreux (il visitait tant de taudis, tant de misères) mais que de propreté, de probité, dans sa science et son esprit !
Il aimait son art, ses malades, les enfants, comme il aimait, en esprit érudit toutes les manifestations littéraires, artistiques, musicales.

Rappeler son incommensurable et infatigable bonté, ce serait presque faire offense à la mémoire de ce grand socialiste agissant, qui se défendait d’être charitable, et savait cependant si souvent oublier ses honoraires dès qu’il s’agissait de gens modestes.
Un accident navrant, conséquence lamentable de l’occupation de Sfax, lui a coûté la vie. Mais pour tous les Sfaxiens, le " bon " docteur Ceccaldi est encore vivant dans un souvenir de profonde, respectueuse, affectueuse reconnaissance.

Signé Valbert (pour Valbert de Ceccatty)