L'escale sfaxienne du navire-école grec Arès |
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Le navire-école grec l'Arès |
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L'Arès, au mouillage. |
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Ce n’était bien sûr pas la première fois, depuis sa sortie le 28 janvier 1927 des chantiers de La Seyne-sur-mer, que le navire parcourait les mers et océans. Un grand périple était planifié chaque année durant la période estivale afin d’aguerrir le jeune équipage aux lourdes manœuvres de pleine mer. La marine royale hellénique comme toutes les grandes marines mondiales s’était équipée de deux navires écoles et l’Arès avait été commandé aux chantiers français des Forges et Chantiers de la Méditerranée. |
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L'Arès toutes voiles dehors à sa sortie des chantiers français. |
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En
1930, il avait franchi le détroit de Gibraltar pour aller jusqu’à
Portsmouth. Parti du Pirée le 10 juillet sous le commandement du
directeur de l’école M. Sakellariu, il avait fait escale à Malte,
Gibraltar, Madère, les Açores puis au Havre. Le retour s’était fait
avec escale à Oran et Naples. L ‘équipage était conséquent : 20
officiers, 60 cadets, 27 sous-officiers, 111 mousses et 15 matelots.
Soit 233 hommes à bord.
Mais ces effectifs n’étaient jamais constants d’une année à l’autre, pas plus que ne l’était le nom du commandant du vaisseau. Fin août 1936, sa sortie annuelle devait le conduire à Tunis sous les ordres du commandant Théofonides. Les réceptions et honneurs s’étaient succédés durant toute l’escale et une délégation s’était même rendue à Sfax. Il est plus que probable que promesse avait été faite d’une très prochaine visite du navire à la ville. Aussi pour cette grande sortie de 1938, la Tunisie était à nouveau au programme avec cette escale planifiée sur la route du navire et tant attendue à Sfax. Les sfaxiens d’origine grecque vivaient et travaillaient dans la grande métropole du Sud depuis fort longtemps, attirés en Tunisie par la richesse des bancs d ‘éponges dont la pêche était une de leur grande spécialité. Les plus anciennement établis avaient fini par laisser perdre l'usage de leur langue maternelle, et il était nécessaire d’enseigner le grec aux enfants de la communauté. Les grecs de Sfax parlant plus couramment le français et l’arabe. Mais aucun n’avait perdu la conscience de son appartenance à la grande histoire grecque. Aussi, à l'apparition de l'Arès et de son drapeau à bandes et croix bleues sur fond blanc, tous sentirent leur fierté se vivifier. |
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L'Arès dans le chenal conduisant au port de Sfax, le vendredi 24 juin 1938. |
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Les Grecs de Sfax furent profondément émus quand ils virent participer aux réceptions organisées par la Municipalité et les corps consulaires, les officiers et les cadets de l'Arès. Le quartier du petit chenal, le pourtour de l’église orthodoxe furent décorés. Des enfants vêtus de l’uniforme des cadets de la marine hellène agitaient sur le passage du cortège officiel de petits drapeaux grecs et français sous les yeux humides des vieux pêcheurs aux moustaches fournies et de leurs femmes admiratives et émues. |
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Les officiers de l’Arès se dirigent vers l’église grecque. |
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Deux enfants, « Ninaki » fille du Consul de Grèce, et Georges Rogopoulos, habillés en matelots grecs.
(Document famille Azzabi) |
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Toute la colonie de la ville rendit ainsi hommage aux marins qui durant trois journées visitèrent la ville et ses environs et furent les invités d’honneur des sfaxiens admiratifs. Une cérémonie d'hommage aux morts de la Première Guerre mondiale fut organisée le samedi 25 juin au cours de laquelle les officiers du navire déposèrent des gerbes, accompagnés des militaires des casernements sfaxiens. |
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Devant l’église grecque, présentation des gerbes qui seront déposées au Monument aux Morts. |
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Deux vues de la cérémonie au Monument aux Morts de la Grande Guerre. |
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Le commandant Vandoros et tout son état-major, ne manquèrent pas de rendre les honneurs du bord aux différents membres de la Municipalité de la ville, aux représentants des corps consulaires, et aux membres les plus éminents de la communauté grecque auxquels ils offrirent un grand banquet. |
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Le Commandant de l’Arès et le Consul de Grèce M. Photis Papavassiliou. |
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Le Commandant de l’Arès, le Consul de Grèce, et d’autres officiels quittant la Municipalité. |
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Réception au Consulat de Grèce. |
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Les sfaxiens unanimes notèrent l’impeccable tenue blanche des jeunes espoirs de la marine grecque défilant dans les rues de la ville. | |||
Rue Emile Loubet, les marins de l’Arès défilent pour regagner le bord avant le départ. |
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Le
quotidien grec Eleftheron Vima du 14 juillet 1938 notait le très
chaleureux accueil qu’a reçu tout l’équipage de la part de la
population sfaxienne : « Nos marins, écrit le journal, ont été reçus en frères, et la noblesse des sentiments français s’est manifestée spontanément à la vue des couleurs helléniques dans les eaux tunisiennes. » L’Arès comptait à son bord pour l’escale de Sfax : 14 aspirants, 70 élèves aspirants et 20 élèves de l'Ecole d'officiers de l'aviation. Arrivé à Sfax le 24 juin 1938, le navire-école quitta la ville le 27 juin. Précise encore le journal. Avant le départ du navire, une messe fut célébrée toute à son honneur le dimanche 26 juin et la petite église orthodoxe de la ville était pleine à craquer. Tout l’équipage et ses officiers, ainsi que l’archimandrite du bord, assistèrent à la cérémonie. |
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Après la cérémonie. |
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Le commandant et les officiers en second de l’Arès, sortant de l’église après la cérémonie. |
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Marins, et une partie du public, devant l’église grecque après la cérémonie. |
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Plus tard, fut apposée dans l’église une plaque de marbre gravée qui témoigne de l’importance de cette cérémonie, la voici : | |||
Elle peut être traduite ainsi : "Au mois de Juin le 26 de l'année 1938 ont assisté à la messe, le commandement et l'équipage du 2e bateau-école ARES". Cette plaque témoigne d’une tradition des marins de rendre hommage à toutes les églises proches des côtes, et systématiquement aux églises que les bateaux ont choisies pour protectrices et qui devaient les épargner des désastres marins. Ces bateaux (armateurs et capitaines) donnaient des offrandes, souvent en argent pour la construction ou les travaux de réparation des églises. Des plaques commémoratives en témoignaient.... |
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L’Arès, ayant hissé le grand pavois, se prépare à lever l’ancre. |
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L’Arès quittant le port, les membres de l’équipage rendant les honneurs accrochés aux vergues. |
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