Les Phares et Balises


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Dans la revue intitulée « Les travaux publics du protectorat français en Tunisie ». Tome 1er, édité à Tunis en 1900 par l’imprimerie J. Picard & Cie, pour le compte de la Direction Générale des Travaux Publics, on trouve page 42 une carte des phares et balises aux environs de Sfax pour l’année 1899. On accède à cette revue en utilisant le lien Internet ci-dessous :
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6205725g/f1.planchecontact


Carte des Phares et Balises



La pièce la plus importante, tant par ses dimensions que par son rôle pour l’accès au port de Sfax, était le phare de Thyna. Sa mise en service le 1er juillet 1895 marquait l’achèvement du programme de mise en place des feux de signalisation sur la côte sud de la Tunisie. Il fut bâti à environ 12 Km au sud-ouest de Sfax sur un monticule (Ras Tina) d’une hauteur de 12 mètres.



Le phare de Thyna

Le phare de Thyna.
(CPA ND n°92 - Coll. G. Bacquet)




Ce phare avait une portée lumineuse de 30 milles par temps moyen (21 milles par temps brumeux), il délivrait 2 éclairs blancs groupés à intervalles réguliers de 10 secondes. Le foyer lumineux se trouvait à 44,70 m au-dessus des fondations. Le diamètre extérieur de la tour était de 3 ,20 m au niveau de la plateforme, et de 8,50 m au niveau des fondations.



Les bouées lumineuses utilisées, fonctionnaient à l’aide d’un gaz d’huile. On en comptait 8 sur le banc des Kerkennah, et une neuvième, marquée Sfax, signalait la présence d’une épave dangereuse. Deux bouées lumineuses supplémentaires, distantes de 140 mètres, mouillées par 7 mètres de fond, indiquaient l’entrée du chenal d’accès au port de Sfax.
Chaque bouée disposait d’un réservoir contenant plus de 50 m3 de gaz et pouvait ainsi brûler pendant 70 jours.

Pour leur réalimentation en gaz et leur manutention, le service des phares et balises disposait initialement d’un petit vapeur, le « Fresnel » qui était attaché au port de Sfax, et naviguait sous pavillon tunisien. Il avait été livré en 1889 par la maison Satre ; ses caractéristiques étaient : Longueur = 23 m, largeur = 4,6 m, tirant d’eau à la poupe = 2 m.



Le Fresnel

Le baliseur "Le Fresnel" du port de Sfax.



Dans l’ouvrage de Jean-Christophe Fichou on apprend que le « Triboulet », baliseur à vapeur et en acier était affecté au remplissage et à la maintenance des bouées de toutes les côtes tunisiennes. Ce vapeur, long de 35 mètres, avait été acheté d’occasion en 1887 à Marseille, pour la somme de 60.000 francs. Le « Fresnel » devait lui servir d’appoint.

L’« Eugène Résal », navire baliseur et ravitailleur, d’un tonnage plus important, les remplaça en 1908. Il avait été construit  par le chantier de la Bosse & Fouché à Nantes, puis mis à la disposition du Service maritime de la Direction Générale des TP de la Régence de Tunis pour être affecté au Service des Phares et Balises. Comme le « Fresnel » et le « Triboulet », il battait pavillon tunisien ce qui lui valut d’être, en date du 23/01/1912, arraisonné par erreur par des torpilleurs italiens à proximité de la frontière tripolitaine (il y avait eu confusion entre les pavillons tunisien et turc).
Dans le N° 28 (1994) de la revue de la Diaspora sfaxienne, parlant de l’ « Eugène Résal » à bord duquel il avait, adolescent, participé à une « tournée » avant 1936, M. Daniel Rochegude écrivait :
« Mais dans le port de Sfax, il y avait un bateau très particulier qui m’intriguait beaucoup. Le plus souvent il était amarré à l’autre bout du port, en face du quai principal, à la darse de Madagascar. Sa longue silhouette blanche, sa cheminée peinte en jaune, ses superstructures soignées, lui donnaient un petit air de yacht de luxe, en dépit d’un pont avant entièrement dégagé, vraisemblablement consacré aux manutentions. C’était l’Eugène Résal. »




L'Eugène Rézal

Partie isolée d’une photographie présentée dans la partie consacrée à la base aéronavale.
(Doc. Ch. Attard)





Le navire que l’on y voit semble correspondre, point par point à la description de l’ « Eugène Résal » rapportée ci-dessus. Partant du postulat que c’est bien lui, le baliseur que l’on aperçoit sur la photo, prise au second semestre 1948, montrant le bâtiment des phares et balises (partie encadrée en bleu) peut-il être l’ « Eugène Résal » ?




L’emplacement des bâtiments des « Phares et balises »
à l’appontement desquels est amarré un navire baliseur : l’Eugène Résal ?
(Photo Jean-Denis Bossoutrot - Coll.  famille Leroux)




De par son aspect général et sa cheminée trapue, il ne s’agit pas d’un vapeur, mais d’un navire à moteur Diesel électrique. Jean Christophe Fichou dit que l’ « Eugène Résal » fut désarmé peu après l’Indépendance de la Tunisie (1956) : donc qu’il fut encore efficient entre 1945 et 1955. En regardant bien les navires des deux photos ci-dessus on y trouve des concordances dans la position des deux mâts et de la cheminée, et l’allure de la superstructure du côté de la poupe. Si le baliseur de la partie encadrée de la photo ci-dessus est bien l’ « Eugène Résal », il faudrait en conclure qu’il aurait donc subi une refonte, avec changement de sa machinerie. Ce qui n’est pas impossible.



Sur la vue suivante (à gauche), prise vers 1953-1954, nous présentons un autre baliseur, que, grâce à une photo présentée page 216 du N° 35 de "La Diaspora sfaxienne", nous avons pu identifier comme étant le M/S « Kerkennah », lui aussi navire baliseur tunisien (photo de droite).



Le KerkennahLe Kerkennah

Le «Kerkennah » quittant son mouillage devant le bâtiment des phares et balises. (Photo de gauche - Coll. Famille Leroux.)



Nous présentons maintenant deux vues, prises après la Seconde Guerre mondiale, se rapportant au service des phares et balises du port de Sfax.




Le bâtiment des "Phares et balises"
(Photo  coll.  famille Leroux)





Et bien sûr, les bouées.
(Photo  coll.  famille Leroux)