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Émile Paul Aimable Guépratte, amiral
français (30 août
1856 à Granville - 21 novembre 1939 à Brest), inhumé
aux Invalides dans le caveau des Gouverneurs, dit
"point d'honneur" ou "le mangeur de feu".
Entré
à l'École navale en 1871, il embarqua dès 1875 sur la corvette cuirassée la
Reine-Blanche dans l'escadre d'évolutions et, en 1876, sur l'aviso à hélice
le D'Estaing. Enseigne de vaisseau en 1877, instructeur
des aspirants sur la corvette-école la Favorite, que commandait son père
en 1880, il fit la campagne de Tunisie de 1881 sur le cuirassé Marengo,
participa au bombardement de Sfax et à la prise de Gabès. Lieutenant
de vaisseau en 1883, il suivit en 1884 les cours de l'École
des défenses sous-marines, en sortit avec le brevet de torpilleur et
fut affecté en cette qualité sur le cuirassé Amiral Duperré, de
l'escadre d'évolutions ; il reçut son premier commandement en 1889 sur
le contre-torpilleur 23.
Second du croiseur Forfait en 1891, il
commanda la canonnière Caronade de la division navale d'Indochine et
participa aux opérations contre le Siam de mai à octobre 1893.
Capitaine de frégate le 10 mai 1897, sous-directeur des défenses
sous-marines de Brest en 1900, commandant du contre-torpilleur Vautour
de la station du Bosphore en 1901-1902, il fut en mai 1902 chef de la 2e
section de l'état-major de l'arrondissement maritime de Brest, passa
capitaine de vaisseau le 05 février 1904 et prit le commandement du
croiseur porte-torpilleurs Foudre, avec lequel il transporta de
Cherbourg à Saigon (Vietnam) deux sous-marins et quatre petits
torpilleurs.
Il commanda en 1905, dans l'escadre de la
Méditerranée, le croiseur cuirassé Jeanne-d'Arc et le croiseur
Marseillaise et, de nouveau, en tant que capitaine de pavillon, la Jeanne-d'Arc, fin 1906. Commandant du
2e dépôt des équipages en 1908,
il suivit à Brest, en 1909, l'achèvement du croiseur cuirassé
Edgar-Quinet sur lequel il conduisit le président Fallières en
Hollande, réalisant à cette occasion le premier passage par un grand
navire de guerre des écluses d'Ijmuiden et du Nordsee Kanal conduisant
à Amsterdam.
Contre-amiral en 1912, il reçut
le commandement du front de mer à Brest. Au début
des hostilités, en 1914, il fut mis à la tête de la division navale
de complément rattachée à la 17e armée navale en Méditerranée. Il
assura la protection des convois de troupes entre l'Algérie et la métropole
ainsi que la surveillance du détroit de Sicile.
Demandant avec insistance un commandement
plus proche de l'action, il fut envoyé à Port-Saïd (Égypte) pour
collaborer à la protection des convois britanniques de l'armée des
Indes puis affecté, avec sa division, à la force navale britannique de
l'amiral Hamilton Carden qui bloquait le détroit des Dardanelles où s'étaient
réfugiés les croiseurs allemands, Goeben et Breslau, qui venaient
d'accomplir plusieurs actions surprises en Méditerranée occidentale,
dont le bombardement de Bône et de Philippeville. Le 3 novembre 1914,
avec les cuirassés Suffren et Vérité, appuyés de croiseurs anglais,
il bombarda une première fois les forts de l'entrée du détroit. À
l'instigation des Britanniques fut décidé le forcement du passage afin
d'atteindre la mer de Marmara et d'attaquer Constantinople. L'amiral
John de Robeck succéda le 17 mars 1915 à Carden et prit le
commandement en chef de la flotte alliée. Le 18 mars 1915 eut lieu
l'attaque principale. Guépratte avait demandé l'honneur de commander
l'avant-garde et il le fit avec une folle audace, pénétrant le
premier dans le détroit à la tête de ses vieux cuirassés. On sait
comment la journée aboutit à un échec : trois cuirassés coulés,
dont deux anglais et le Bouvet qui avait sauté sur une mine, le
Suffren,
navire amiral, et le Gaulois gravement endommagés avec plusieurs autres
navires. Le forcement du détroit abandonné, une opération
combinée fut mise sur pied et Guépratte y prit part avec la même énergie
pendant les combats des 27 mars 1915, 25 et 26 avril 1915 : bataille des
Cinq-Plages, débarquements de Sedd-Ull-Bahr et de Koum-Kaleh.
Partisan obstiné du franchissement de vive force des détroits, mais
critiqué du côté français - on alla jusqu'à taxer son impétuosité
de folie et sa tactique d'absurde - on se débarrassa de lui en le
nommant vice-amiral en octobre 1915 et préfet maritime de
l'arrondissement algéro-tunisien à Bizerte (Tunisie).
Il y maintint, grâce à son influence
personnelle, la plus stricte discipline malgré les difficultés du
moment et, notamment, l'agitation anti-juive de 1917, joua un rôle
important dans l'entraînement des troupes serbes , et fit de Bizerte un
centre de lutte contre les sous-marins. Atteint par la limite d'âge en
1918, il fut placé le 30 août 1918 dans la section de réserve, après
47 années de services effectifs, dont plus de 32 à la mer. Il se présenta
à la députation sur la liste de concentration républicaine et fut élu
le 16 novembre 1919. Il adhéra au groupe de la gauche républicaine démocratique,
devint membre des commissions de la marine marchande, de la marine
militaire, des régions libérées et d'Alsace-Lorraine, et se consacra
aux questions intéressant la marine. Il fut président du groupe des députés
des ports et président de l'association amicale des croix de guerre.
N'ayant pas renouvelé son mandat en 1924, il se retira à Brest et
continua d'apporter son aide aux oeuvres de la mer et aux campagnes de
propagande pour le développement de la marine. Il vint à
Ancy-sur-Moselle le 24 mai 1924 (« Je viens dire bonjour à mes cousins
d'Ancy »). Il était membre de l'Académie de marine depuis 1921.
Il a publié en 1935 : L'expédition des
Dardanelles, 1914-1915.
Grand-croix de la Légion d'honneur (12 décembre
1924). Croix de Saint Georges (28 décembre 1916 ; ordre russe).
Grand-cordon de l'Aigle blanc, par décret du roi de Serbie Alexandre
Karadjordjevic (3 septembre 1917). |