Comment vivait-on à
Sfax ? |
||
Sur les lieux de travail, où les cadres techniques étaient tous européens, cela s’expliquant par le peu d’attrait des Tunisiens, à l’époque, pour les études supérieures scientifiques, la collaboration entre les différentes ethnies ne posait, dans l’ensemble, pas de problème, mais la pression syndicale était loin d’être absente. Hormis lieux de travail et écoles, le mode de vie des diverses composantes de la communauté européenne sfaxienne présentait des différences suivant la structure urbaine des quartiers où elles vivaient. |
||
|
||
|
||
Une villa
de la cité Lyon à Moulinville. |
||
|
||
Moulinville
comportant
essentiellement des villas entourées d’espaces verts de 500 à 1000 m2, majoritairement occupées par des familles d’Européens
aisés, et où se trouvaient les cités ouvrières des employés du
Sfax-Gafsa (cités Lyon et Monterra), les contacts entre voisins
étaient forcément plus limités que ceux que pouvaient lier les
habitants du centre ville (ville moderne et ancien quartier franc) ou
surtout du quartier beaucoup plus populaire de Picville, où il y avait
de petits immeubles occupés souvent par des familles nombreuses. |
||
|
||
|
||
|
||
Dans ces résidences les enfants se retrouvaient pour jouer et goûter ensemble, allaient les uns chez les autres car ils ne s’attiraient jamais la moindre remarque. Par ailleurs, et ceci était vrai pour tous les enfants quel que fut le quartier où ils vivaient, le jardin public où ils avaient de l’espace pour s’ébattre, les voyait arriver en masse les jeudis. |
||
|
||
Les dimanches on les trouvait au cinéma où
ils assistaient à la première matinée à 14 heures. Avant la séance,
nombre d’entre eux avaient acheté un cornet en papier journal rempli de
" glibettes " (graines de tournesol grillées) qu’ils
mangeaient ensuite en séparant délicatement, à l’aide de leur langue,
la graine proprement dite du tégument. C’était nettement moins
calorique que le " pop corn ", mais après la séance
les balayeurs avaient du travail pour enlever tous les téguments qui
traînaient par terre. |
||
|
||
|
||
Autour de
M. le curé Descroix, les scouts de Sfax posent fièrement. |
||
|
||
Pour les jeunes et les adolescents, le scoutisme réunissait de nombreux
pratiquants : Scouts de France
(catholiques), groupement créé en 1931 dont l’abbé Descroix était
toujours le directeur en 1935, Éclaireurs et Éclaireuses de France
(laïques) groupement autorisé le 23 mai 1914 et qui, en juillet 1916
comprenait une cinquantaine d’éclaireurs dont un italien et un
anglo-maltais, le Président en était M. Georges Mocqueris et
l’instructeur chef M. Albert Michel [Gérard Bacquet représenta la
section de Sfax au sein de la délégation tunisienne qui participa au jamboree d’août 1951 à Bad Ischl en Autriche], Éclaireurs musulmans tunisiens et Union scoute musulmane. |
||
|
||
|
||
(Photo Félix Berrebi) | ||
Pour nager, les enfants, et même les plus grands, se rendaient à l’école de natation, initialement localisée sur la route menant à " Madagascar ", puis transférée ensuite dans le bassin dit " des pétroles " au bout de la plage Wiriot. Cette dernière plage, tout comme celle de la Poudrière, étaient peu propices à la pratique de la natation, car même à marée haute, il fallait aller fort loin sur un fond de vase assez dure pour ne plus avoir pied. |
||
|
||
|
||
Les
cabines de bain et un accessoire bien utile sous la chaleur du sud
tunisien. |
||
|
||
Sur ces plages, avant le 2e conflit mondial, il y avait des cabines en location où les Sfaxiens se reposaient et dînaient en famille pendant la saison des bains qui, traditionnellement, commençait le 1er juin pour s’achever fin août. |
||
|
||
|
||
L'ombre
était rare à Chaffar, |
||
|
||
A partir de 1945 et avec l’augmentation du nombre des automobiles, les
Sfaxiens qui en possédaient une, allaient se baigner, soit à Chaffar
(25 km) où il y avait une belle plage de sable avec des fonds de 3
à 4 mètres à 300 mètres du rivage, ou mieux encore à La Chebba (65
km ). |
||
|
||
La Chebba
(Photo de Marcel Attard)
|
||
Là, sur 2 ou 3 km d’une côte nue couleur de sable ourlée de falaises crayeuses délimitant une série de criques avec des petites plages de sable, ils pouvaient jouir d’une eau très claire sur des fonds sableux au bord, puis rocheux, de toute beauté. | ||
|
||
Les rochers
de La Chebba |
||
|
||
(Photo de Marcel Attard) | ||
Un loisir très prisé des
Sfaxiens était la pêche. Ceux qui possédaient un bateau pouvaient se
livrer à deux types de pêche à la traîne selon la nature de leur
embarcation. Si celle-ci était à voile (généralement avec un moteur
marin auxiliaire), avec un leurre constitué d’une plume blanche, ils
attrapaient des bonites, et ce même au ras des quais du port. Avec une
simple barque à rames, en traînant lentement un petit poisson vivant
servant d’appât, ils pouvaient avoir l’opportunité de ferrer des
loups ou des liches. |
||
|
||
|
||
Pêche
mais aussi chasse, et les tourterelles fuyaient |
||
|
||
A la plage de Chaffar, à la limite entre le sable et la zone recouverte d’algues, à environ 300 m du rivage, là où les fonds atteignaient 3 ou 4 m, il n’était pas rare de pouvoir piquer à l’aide d’une foëne, les soles qui s’y tenaient en assez grand nombre enfouies dans le sable, seuls leurs deux yeux restant apparents. |
||
|
||