La forêt d'oliviers sfaxienne 
et l'huile d'olive




Un vaste domaine au cœur de la forêt d'oliviers sfaxienne.
(CPA  CIM . Coll. Ch. Attard)




Ce furent les Romains qui, les premiers, transformèrent le désert en terre de culture et apportèrent à la région une prospérité remarquable jusqu'au milieu du VIIe siècle, à partir duquel la décadence s'amorça. 
L'invasion hilalienne en 1048 anéantit la presque totalité des plantations d'oliviers, et la région au sud de Sfax retourna au désert. 
Grâce au travail des agriculteurs sfaxiens, la plantation d'oliviers reprit vers 1810, et en 1881, on comptait environ 350 000 pieds dans les jardins, sur une quinzaine de kilomètres autour de Sfax. La plupart étaient plantés en métayage selon le contrat de la "Mogharsa" (dont nous reparlerons un peu plus loin), mais on était loin de ce que l'on peut voir aujourd'hui du point géodésique de Touïlet ech Cheridi à 15 km de la ville sur la route de Sbeïtla, et qui constitue une des originalités de la région sfaxienne.





Principales plantations d'oliviers autour de Sfax.
(Infographie Ch. Attard)




Sans vouloir en rien minimiser le savoir-faire des autochtones en matière de culture de l'olivier, force est de constater que la forêt d'oliviers "sfaxienne" qui, en 1931, correspondait déjà à une superficie de 455.000 hectares, doit beaucoup au sens de l'observation et à la pugnacité de Paul Bourde
Ce dernier, fils d'agriculteurs et ancien journaliste avant d'être nommé directeur de l'Agriculture en Tunisie, visita au début des années 1890 la région comprise entre La Hencha (40 km au nord de Sfax) et Mahares (35 km au sud de Sfax) qui était alors en friches sauf dans les jardins autour de Sfax. Ses recherches sur le terrain lui firent trouver des vestiges, tels que des fragments de meules provenant d'huileries romaines, qui lui donnèrent la conviction que la Byzacène romaine devait sa prospérité à l'olivier qui, seul, pouvait pousser dans les sols maigres et légers qui lui apparurent. Ces sols sont en effet susceptibles d'utiliser au mieux les 200 à 250 millimètres de pluies annuelles.









Un des tout premiers tracteurs utilisés dans la région de Sfax.
 ( Photo  P. Faucon)


Les Domaines oléicoles sfaxiens 
regroupaient les propriétés de la famille Rendu.
et Bidon d'huile des domaines Boucher.





En 1890, Paul Bourde fit, dans le journal "Le Temps", campagne pour que des concessions importantes de terrain soient accordées dans toute la région afin de faciliter de vastes entreprises devant se lancer dans la plantation d'olivettes. Le fait qu'il fût connu dans les milieux financiers de Paris, et qu'il y jouissait d'une considération méritée, firent qu'à force de persuasion, quelques-uns de ses amis se lancèrent dans ce qu'ils considéraient comme une aventure : investir dans le Sud Tunisien sur des lots de colonisation choisis.





M. Boizel
(Photo Pierre Faucon)

M. Charrouin
(Photo Pierre Faucon)






Le Dr J. Rendu

 

On peut citer les noms de :

M. Jean Boucher (propriétaire dans les Vosges) qui a fait planter 200 000 oliviers. (domaines "Bichka-La Vosgienne" et "La Sulamite") 
M. Paul Faucon (membre du Conseil supérieur de l'Agriculture et de la Société nationale d'oléiculture de France) qui, en 1901, avait mis en culture 500 hectares puis 700 autres en 1902 (domaine de "La Fauconnerie"). 
M. Mougeot (ex-ministre des P.T.T.), 
Familles Destremau et Malinet , domaine de La Champenoise,

M. Boizel (champagnes à Épernay), domaine de Medillia
M. Regnault (ambassadeur), 
M. Eugène Séris et ses fils,
propriétaires (La Marguerite -563 ha, Le Taureau-1335ha) 
M. Claude Charmetant et ses fils Jean et Joseph, propriétaires de plus d'un millier d'hectares plantés en oliviers, dattiers, amandiers (Sainte-Elvire, Saint-Claude, Sainte-Thérèse, l'Hirondelle, Hamada)
Le docteur Joanny Rendu et ses fils et neveux plus de 1000 ha (Le Jujubier, la propriété de Moulinville, la Gerboise).




M. C. Charmetant



Sans oublier des Européens installés à Sfax avant 1881 : MM Avvocato, Charles Pic, Saada ... et quelques propriétaires tunisiens.






Huilerie Avvocato


L'huilerie Carmelo Avvocato et fils à Sfax
(Coll. G. Bacquet)