La communauté maltaise







La famille Damato

La famille Damato, originaire de Malte.
(Coll. Ch. Attard)

Devant l’explosion démographique et la diminution des ressources, de nombreux Maltais, en général très pauvres, avaient quitté au lieu du XIXe siècle leur île à bord de barques, et avaient abordé les côtes d’Afrique du Nord, en particulier celles de la Tunisie qui étaient les plus proches. Ils s’y étaient fixés et, leur langue étant proche de l’arabe, ils s’étaient installés, en ce qui concerne Sfax, soit dans la médina, soit à proximité des remparts qui l’entouraient.



Barques maltaises

Barques maltaises.
(Coll. Ch. Attard)




Exerçant de petits métiers (pêcheurs, matelots, cochers, chevriers), car on comptait près de 85% d’illettrés parmi eux, il semble qu’ils n’aient eu, avant l’établissement du protectorat, que peu de rapports avec les autres Européens.Dès qu’ils en avaient la possibilité, ils ouvraient de petits commerces : cafés, épiceries… 
Curieusement, alors qu’ils arrivaient d’une île essentiellement agricole, peu devinrent agriculteurs au départ, peut-être à cause du manque de financement pour acquérir des terres.



Un cocher maltais

Un cocher originaire de Malte.
(Coll. Ch. Attard)




L’ascension sociale des Maltais, qui étaient sujets britanniques, s’est paradoxalement faite avec l’arrivée des Français dont les navires transportant les troupes de débarquement avaient, pour la prise de la ville en 1881, été guidés par des Maltais auxquels la France fut reconnaissante.
A l’exception de quelques familles (Barbara, Bartolo, Damato, Farrugia, Gili…) qui avaient bien réussies car souvent déjà propriétaires urbains en 1867, la majorité de la collectivité maltaise demeurait, en 1881, au bas de l’échelle sociale, tant par son statut socio-économique que dans sa représentation culturelle.



Michel Gili

Michel Gili, négociant et propriétaire foncier maltais devant voiture et chauffeur.
(Coll. Ch. Attard)



C’est l’action du cardinal Lavigerie qui va amener les Maltais de Tunisie dans le camp français. 
Leur francisation prit sa source dans l’article 1 du décret du 8 novembre 1921 stipulant que " est français tout individu, né dans la Régence de Tunisie, de parents dont l’un, justiciable au titre d’étranger des tribunaux français du Protectorat, est né lui-même dans la Régence ", et dans la loi du 20 décembre 1923 qui suivit. 





La famille Barbara

La famille Barbara de Sfax.
(Coll. Ch. Attard)




La plupart des familles maltaises, établies souvent depuis le début de la deuxième moitié du XIXe siècle, optèrent pour la nationalité française. Le nombre de Maltais à Sfax qui s’était stabilisé autour de 1 300 en 1911, diminua alors : en 1936, 427 seulement, avaient conservé la nationalité britannique. Certaines familles connurent alors une évolution sociale assez importante, leur catholicité très forte étant le moyen de s’apparenter au groupe colonial français, et de s’européaniser.