La communauté européenne

Le premier Européen à s'établir à Sfax fut, en 1830, le médecin italien, Angelo Avvocato.

Le premier Français, le capitaine Thomas Mattei, s’y installa 3 ans plus tard…. et y décéda le 10 décembre 1864. 
La population des différentes colonies étrangères (Français, Siciliens, Grecs, Maltais....), entretenant des relations, généralement amicales, avec les autochtones, alla croissant.

La paroisse de Sfax fut fondée en 1841 par la mission des capucins. Par ordre chronologique, c'était la quatrième de Tunisie. Son but était de s'occuper uniquement de la minorité chrétienne d'origine étrangère qui vivait dans le quartier Franc, situé au pied des remparts de la ville arabe, côté Sud.

En 1843, il y avait déjà 350 catholiques à Sfax. Une belle église, inaugurée le 4 décembre 1845, et une habitation pour le missionnaire furent édifiées sur un terrain donné par le Bey Ahmed. Elle fut réparée et agrandie en 1882.

Du fait de son expérience de la représentation de la France en Barbarie (Tripolitaine), Thomas Mattéi, alors âgé de 41 ans, se vit confier la gestion de l’Agence consulaire française de Sfax et de sa région, qu’il gèrera de 1833 à 1849.

Cette année-là, l'Agence consulaire fut transformée en Vice-consulat. Les deux premiers vice-consuls furent Antoine Espina (1850-1858) puis Jean-Henri Mattei (1858-1881), qui était le fils de Thomas .

Lors des insurrections de mai 1864, le quartier Franc fut attaqué, et la colonie européenne trouva refuge sur une corvette de la flotte anglaise.

Les Français

Suite à l’accord signé en 1534 entre François 1er et Soliman le Magnifique, les Français bénéficiaient en Tunisie du régime des " Capitulations " (moins avantageux que celui du " Millet "), autorisant la création de comptoirs marchands organisés en " Nations ". Le premier consul de France fut nommé à Tunis en 1577, faisant office de représentant du pouvoir royal et de responsable de la " Nation " française.

Les premiers Français qui vécurent à Sfax provenaient de la Régence de Tripoli. Suite à l’insurrection des tribus contre Youssef Pacha Karamouli en 1832, les Mattei (Thomas et André) se fixèrent définitivement à Sfax en 1833. Ils avaient des liens de parenté avec Joseph Marini, alias Salim ben Abdallah Corso, né à Tripoli en 1808, un chrétien d’Allah élevé auprès d’Ahmed Bey. 
Avant 1881, la stratégie des Mattei leur valut une grande réussite sociale. Les femmes épousaient presque exclusivement des hommes originaires de Corse, mais les hommes contractaient des mariages avec des filles de notables italiens, maltais ou anglais.

En 1874, 9 ressortissants français étaient recensés à Sfax. Certaines sources en indiquaient 29 en 1881. Après cette dernière date, la plupart des Français émigrant en Tunisie étaient originaires de départements de la France méridionale voisins de la Méditerranée, ou d’Algérie. Cet apport migratoire non négligeable entraîna une évolution autant quantitative que qualitative de la population française. C’est ainsi qu’entre 1881 et 1891 plus de 400 français s’établirent à Sfax. L’Union française de Sfax, dont le but était d’unir et de réunir tous les ressortissants français de la ville fut créée en 1891. En 1911, on comptait une population française de 2 468 âmes, dont la majorité avaient un niveau social bien supérieur à celui des ressortissants des autres communautés européennes et des anciens Français établis à Sfax. En 1921, on dénombrait 400 familles de fonctionnaires sur le Contrôle civil de Sfax.

Les anciens notables de la fin du XIXe Siècle, se virent progressivement écartés des hautes fonctions, supplantés qu’ils furent par des fonctionnaires, formés aux valeurs républicaines, arrivant de la Métropole.