La prise de Sfax

Plan de la ville en juillet 1881
(Gravure de M. X. Capitaine de vaisseau - E. Morieu Sc. - Coll. G. Msihid)

La flotte arriva en rade de Sfax le 14 juillet au matin, et mouilla en ligne de front à une distance de prés de 6 kilomètres pour les navires de plus fort tonnage. Pour célébrer ce jour de fête nationale, les canons de l’escadre tirèrent à blanc pendant presque toute la journée. 
Georges Chevillet, qui ne prit pas part à cette opération, mais occupa le poste de commandement du détachement militaire de Sfax pendant quatorze mois à partir de septembre 1882, apprit sur place, puis rapporta, que les défenseurs de Sfax crurent que l’on tirait vraiment sur la ville assiégée, mais aucun projectile ne s’abattait sur cette dernière. 
Par référence à la portée de leur propre armement, les insurgés furent renforcés dans leur certitude que les obus des Français ne pouvaient pas franchir la distance séparant l’escadre de la ville. La joie régna alors parmi eux jusqu’au 15 à 6 heures du matin, quand la flotte ouvrit vraiment le feu,  ne tirant qu’un obus toutes les cinq minutes, histoire d’affiner la précision du tir et d’attendre l’heure de pleine mer du lendemain matin, la plus propice au débarquement des troupes. 
Le 16 à 4 heures 30, l'escadre déclencha un bombardement violent sur la ville et plus particulièrement sur la batterie rasante (11 pièces de fort calibre) défendant la plage. 

l'escadre française tire sur les remparts de Sfax.
Gravure présentée dans le journal  "The Illustration" - juillet 1881 (coll. Ch. Attard)

L'accès à Sfax par mer étant difficile, même avec l'aide d'Européens du cru connaissant bien les fonds marins dans la rade, le corps de débarquement fut amené à la plage, au moment de la haute mer, par des mahonnes, des baleinières et des canots armés de canons revolvers Hotchkiss (à manivelles) ou de canons de 65 mm en bronze, et par des chaloupes tirant des ponts radeaux. 

canon revolver Hotchkiss

Une fois échoués et arrimés au rivage, ces derniers permirent un débarquement à pied sec. La batterie rasante en forme d’arc de cercle, dont la première salve, ainsi que celle des mousquets qui suivit, furent trop longues et n’atteignirent pas leur but, fut enlevée assez rapidement car les occupants n’eurent pas le temps de recharger leurs armes par la gueule. 

Les compagnies de débarquement arrivant à terre.
Dessin de H. Scott d'après croquis de M. Nada, lieutenant de vaisseau à bord de "la Surveillante"  
Publié dans "La vie moderne"-n°32- Document PH130083 - 
Crédit photo : © Musée national de la Marine - Paris