La reconstruction et le développement de la ville
 après le deuxième conflit mondial
(3e partie et fin)

Prise de vue réalisée en 1952  
par Marcel Attard à bord de son Stampe. 

La construction de la nouvelle cathédrale Saint-Pierre et Saint-Paul (que l'on voit ici au premier plan) dont la première pierre avait été posée le 21 avril 1940 fut entreprise, sous l’égide de Pierre Lallemand, architecte D.P.L.G., sur la partie du terrain vague précité comprise entre le boulevard Georges-Cochery et le Collège technique. Par rapport au projet initial, il y eut des modifications considérables dictées par souci d’économies, et celui de réaliser un bâtiment représentatif des constructions de l’époque. (St-Michel de Franceville à Tunis, par exemple.)

Les premières fondations réalisées avant l’occupation de Sfax par les troupes de l’Axe furent conservées, mais renforcées. L’édifice réalisé en béton en une quinzaine de mois, mais pas encore complètement achevé par manque d’argent, fut solennellement inauguré le 28 juin 1953 en présence des autorités civiles et militaires, du corps consulaire, de l’archimandrite de l’église orthodoxe, du grand rabbin de Sfax, et aussi, bien sûr, de la hiérarchie catholique de Tunisie.

Dans son discours M. Segretain, remplaçant M. Liby, président du comité de construction de l’église alors absent de Sfax, a dit que la construction, prévue, du clocher donnerait à l’architecture extérieure du bâtiment un tout autre aspect de masse que celui qu’il avait ce jour-là. Le clocher (représenté sur la vue d'architecte ci-dessus) ne fut jamais réalisé.
 
Il posait aussi la question de savoir si son architecture serait appréciée ou non. Question somme toute pertinente car il faut bien reconnaître, qu’à première vue, ce bâtiment pouvait tout aussi bien être pris pour un gros hangar. L’expéditeur d'une carte postale (montrée ici) disait : "  Cette nouvelle église est étrange de l’extérieur et de l’intérieur également. Il y a un beau chemin de croix en céramique de couleurs. On ne se croirait pas trop dans une église. "

Quoi qu’il en soit, après bénédiction des murs, la messe fut célébrée par Mgr Maurice Perrin (ancien curé de Sfax), Auxiliaire de Carthage qui sera intronisé archevêque le 21 décembre 1953, et qui officiait en lieu et place de Mgr Charles Gounot, décédé deux jours auparavant.

Entre la cathédrale et l’avenue Jules-Gau, en face du marché et de l’immeuble de la Compagnie des Ports, des immeubles de plusieurs étages furent édifiés.

Photos aériennes du Collège technique
(Documents Marcel Attard)

Juste à côté de la cathédrale, le Collège technique prit, entre 1953 et 1955, une extension importante. Une rue longeant les ateliers déjà existants et un terrain vague y attenant ayant été expropriés à cet effet, cela conduisit à un triplement de sa surface initiale. Outre les nouveaux ateliers et les nouvelles salles de classe dévolues à divers usages (cours, dessin, dactylographie, salle des professeurs avec cafétéria), la partie sports ne fut pas négligée : dans la grande cour des élèves furent réalisés trois terrains (basket-ball, volley-ball et hand-ball). Outre ses propres élèves, son internat accueillit aussi pendant un certain temps des élèves du Collège de garçons.

Avec l'extension de la ville et de ses activités, le bâtiment de la Poste devenait lui aussi trop petit. La construction d’un bureau de poste plus vaste et plus moderne fut entreprise entre 1956 et 1960, au bout de l’avenue Jules Gau (devenue avenue Habib Bourguiba à l’indépendance) côté gare, en face de l’immeuble de la Compagnie du Sfax-Gafsa.