Comment vivait-on à Sfax ?
(fin)




 Le grand café de la Régence, 5, rue Victor Hugo.
(CPA réclame du Café Carrier du nom du propriétaire - Coll. G. Bacquet)


En-tête du Café de la Régence

En-tête de papier à lettre du grand café de la Régence en 1927.
(Collection Ch. Attard)




Les cafés les plus importants : La Régence dont le propriétaire fut M. Sauveur Vella, le café Abrivat, le café Benati, le café des Arcades…. constituaient une véritable institution très fréquentée par les familles en fin d’après-midi et les jours de congé. Ils étaient appréciés comme halte au cours des promenades, en particulier les samedis soirs et les dimanches, lorsque les Sfaxiens des deux sexes arpentaient inlassablement la rue Emile-Loubet et ses arcades pour se montrer : on parlait de " jour de montre ". Cette coutume se retrouve partout autour du bassin méditerranéen surtout en Sicile où elle est quasi quotidienne et a pris pour nom le passeggiaàta (la promenade). Les couples, enfants, personnes âgées arpentaient ainsi les quelques cinq cent mètres de boulevard dans un sens puis dans l’autre tout en discutant ou fumant.




Le bar algérien


Le bar algérien
(CPA série LL - Coll. G. Bacquet)




Sur la photo de ce bar (installé sous les arcades du boulevard de France) expédiée en 1907, les personnes présentes ont posé dans leurs plus beaux atours. Peut-être prenaient-elles une consommation avant (ou après) un concert donné par l'Harmonie sfaxienne au Kiosque à musique tout proche.  





A la terrasse du Cristal dans les années 10.
(CPA LL. n°53 - Coll. G. Bacquet)













Les matins, les cafés faisaient plutôt office de lieux de rendez-vous d’affaires : les négociants et les membres des diverses professions libérales s’y retrouvaient pour tenir conseil avant de se rendre au travail.





Prostituées d'Afrique du Nord dans les années 20.


(CPA ND photo n°170T)

(CPA photo Garrigues n°67)





A la grande satisfaction des âmes solitaires, et des marins, qui comme chacun sait, ont une fille dans chaque port, existaient dans la médina, du côté de Bordj en Nar, des escaliers qui menaient au " quartier réservé ". Ce dernier était un ensemble de ruelles et d’impasses où s’abritaient, à part les travailleuses indépendantes, au moins trois établissements genre boites de nuit : la " Brasserie Africaine ", le " Chabanais " et le " Chat Noir ", où l’on pouvait " consommer " dans la journée, et danser et, bien entendu, également " consommer " en soirée. Toutes les filles qui y officiaient étaient inscrites au Service d’hygiène de la Municipalité, avec l’obligation de passer deux visites médicales par semaine.










Si tout le monde se côtoyait, les jeunes filles étaient surveillées par leurs parents d’une manière très pointilleuse, et les couples de fiancés étaient tenus d'observer des règles strictes. 
Tout ceci faisait qu’avant la guerre de 1939-45, il y avait extrêmement peu de mariages mixtes (entre individus de confessions, et même d’ethnies, différentes). A cette époque les mariages, qui n’étaient pas forcément d’amour, ne se concevaient pas sans un cortège de 10 à 15 voitures de place à chevaux (les fameuses " caroussas "). Cette tradition se perpétua, mais d’une manière beaucoup moins systématique, jusqu’au début des années 1950. Après la fin des hostilités, plus de musulmans épousèrent des chrétiennes, et des unions furent célébrées entre juifs et chrétiens des deux sexes.





Préparatifs de noces.
(CPA Soler-Tunis n°165 Coll. Ch. Attard)




Pour les musulmans, la ceinture de jardins était souvent le cadre des mariages, manifestations typiques des coutumes tunisiennes. Les mariages étaient organisés par l’intermédiaire d’entremetteuses qui nouaient le contact entre la famille du candidat au mariage et celle de sa future femme. Les mariages se concluaient ainsi, que les familles soient bourgeoises ou déshéritées. Dans le cas des riches, il s’agissait de grandes réceptions avec débauche de nourriture et de boissons non alcoolisées. Au début, se tenant debout, l’époux recevait simplement ses invités en costume de " tous les jours ". Avant l’arrivée de la mariée, parfois très jeune donc empruntée, qu’il ne connaissait souvent même pas de vue, et à qui on n’avait pas demandé son avis, il avait fait une toilette complète, et alors, en costume de noces, il attendait très digne sur une estrade. 




Parfois la future arrivait, assise sur un dromadaire, cachée sous un baldaquin. Dans le cas de bons partis, il arrivait que les fiançailles fussent arrangées alors que les " promis " avaient 6 ans ou moins.




Nous vous invitons aussi à lire le très beau texte suivant signé par Henri Calzarelli et retraçant une journée de la vie de Sfax dans les années trente.