Moulinville
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L'école de Moulinville en 1928
(Archives Robert Ferrier)

L'école de Moulinville en 1994 
(Photo Gérard Bacquet)

L’École primaire, qui ouvrit ses classes en 1928 en remplacement des locaux précédents devenus trop exigus, était composée d’un bâtiment, parallèle à la route, qui fut ultérieurement rallongé pour assimiler l’augmentation des effectifs. Les salles de classe s’y trouvaient au rez-de-chaussée, l’étage étant réservé aux logements de fonction et aux bureaux. Un deuxième bâtiment, plus petit et formé de deux salles de classe et de deux préaux attenants, constituait, avec une petite clôture percée d’un portillon, la séparation entre la partie filles (au sud) et la partie garçons (au nord). Ce deuxième groupe de constructions arrivait jusqu’à la clôture grillagée que longeait un chemin empierré au-delà duquel se trouvait le cimetière israélite.

La cour et le préau, côté École de garçons en 1928. 
(Archives Robert Ferrier)

De nombreux instituteurs et institutrices ayant enseigné dans cette école, ont marqué la mémoire de leurs élèves : Mme Chaix, première directrice de l’École des filles ; à laquelle succéda Mme Paulette Vals ; Mme Andrée Ferrier, qui officiait en tout début de scolarité, accueillait dans sa classe quelques garçons ayant entre 5 et 6 ans (il n’y avait pas alors de classes maternelles) ; M. Francis Ferrier, premier directeur de l’École de garçons, qui, les samedis après-midi, s’occupait des projections cinématographiques en noir et blanc, à l’aide d’un appareil monté sur trépied et dont il fallait tourner la manivelle pour assurer la projection ; M. Fechoze, gazé pendant la guerre de 14-18, dont la baguette en châtaignier (qu’il appelait Caroline), ornée d’autant d’encoches que son possesseur avait passé d’années scolaires à Sfax, s’est souvent abattue sur les doigts d’élèves dissipés ; M. et Mme Cachat, respectivement directeur et directrice de chacune des deux entités de l’École primaire, pendant et après la période des hostilités : encore à la fin du XXe siècle, il n’était pas rare d’entendre des Tunisiens de près de 60 ans, parler de cette école comme étant " l’école Cachat ". Un ancien élève a raconté qu’un jour de début d’été, un cheval échappé du champ de course était entré dans sa salle de classe où, affolé, il avait cassé un banc en bois et s’était empalé sur un morceau du dossier avant de mourir.

Derrière le zoo Bédé et le cimetière israélite, en allant vers la route de Mahdia, on trouvait quelques habitations et des terrains vagues. Il y avait aussi un alignement de maisons entre la voie ferrée de Sfax à Tunis et la route de Mahdia, débutant en face de l’École des sœurs (No10 du plan) et la tribune du champ de course qui lui faisait suite, et se terminant au chemin des brigands. Le champ de course n’était, en fait, qu’un vaste terrain de terre dure, sans la moindre piste telles que celles qu’on peut voir dans les hippodromes actuels.

La maison des sœurs de St-Joseph-de-l'Apparition à Moulinville

En 1929, un groupement de personnes comprenant des enseignants, des cheminots et des commerçants, se créa et prit le nom de " La Moulinvilloise ". Elle fut autorisée le 27 avril 1929. Son premier président fut M. Lazare Alt, assisté des deux vice-présidents MM. Jean Degiovanni et Jean Costa. Les premières fêtes furent organisées sur le boulodrome jouxtant le jardin de  M. Degiovanni (40 du plan), M. Vandeur, le secrétaire, tenant une grande place dans l’organisation de ces festivités. Outre celles annuelles du 14 Juillet, dont les bénéfices étaient répartis entre les diverses sociétés de bienfaisance de la ville, il y en avait d’autres dont les protagonistes étaient les élèves de l’école primaire. La première de ces fêtes scolaires fut organisée en fin d’année scolaire, suite à la proposition de la direction de l’école qui reçut l’agrément de " La Moulinvilloise ". Il fallut que les enseignants apprennent danses et chansons aux élèves des différentes classes, sans empiéter sur le temps d’enseignement. Les mamans confectionnèrent de beaux costumes à la demande du corps enseignant. 

Fabienne Sperber, Antoinette Mattei, Marie-France Dormoy, Camille Dupas, Michèle Leroux, Ducros, Danielle Lumbroso, Michelle Beneteau, Faugères, Cosette Jourdan, Monique Floret, Damato, Monique Jadfard, Aïleen Farrugia, Corinne Lumbroso.

Les enfants de 10 à 12 ans firent un numéro de danses sénégalaises, ce qui étonna fortement un officier sénégalais assistant au spectacle, car les danses qu’il vit étaient presque exactement celles de son pays. Le numéro du " Beau Danube Bleu " se tailla aussi un franc succès. Suite à cette réussite, des divertissements de fin d’année scolaire furent régulièrement organisés, les sommes y étant recueillies allant à la coopérative scolaire qui put ainsi distribuer aux élèves du groupe scolaire, livres, cahiers, et autres fournitures scolaires, moyennant une cotisation minime de principe.

Par la suite, les fêtes propres à " La Moulinvilloise " eurent lieu au stade Ceccaldi, où toutes les facilités furent accordées par les chemins de fer du Sfax-Gafsa. Le terrain (39 du plan) est alors devenu une partie de la propriété de M. Hussem, consul de Norvège à Sfax, où un système d’irrigation sophistiqué, partant d’un bassin surélevé d’environ 2 mètres servant accessoirement de piscine, permettait la culture de diverses espèces d’arbres fruitiers.

Le bassin-piscine de la propriété Hussem.
(Document G. Bacquet)

La fabrique de laine à tricoter que créa M. Valbert de Ceccatty commença à fonctionner à l’automne 1941 dans une partie des locaux de l’usine de teinturerie (112). La production des laines et tricots de la marque " Bermax ", prit son essor, mais bien que la production eut atteint 500 pelotes par jour avant l’occupation de Sfax par les troupes de l’Axe, l’offre était cependant inférieure à la demande car plus rien n’arrivait alors de France.